Noösphéra est un projet qui s’est formalisé lors de mes études en master. Il est né à la suite de réflexions sur l’avenir de l’humanité dans notre contexte d’Anthropo-Capitalocène.
Mes sujets de prédilection concernent la Noosphère (Teilhard&Vernadsky), le Symbiocène, l’esprit collectif, les fictions intersubjectives, la Terre, l’Univers, – l’anthropologie, les sciences humaines et sociales, les arts et philosophies, l’ingénie et la science… Ces recherches sont dans la continuité de celles développées au sein du collectif Zoepolis, or celles présentées ici sont réalisées à titre personnel. J’expose et je tente de vulgariser, à travers Noösphéra, mes reflexions, mes pensées, mes recherches et mes enquêtes.
L’objectif de ces recherches ? :
Habiter l’Univers, c’est accepter de faire partie intégrante d’un système complexe parsemé de milieux et de vies en constante mouvance évolutive.
Le cosmosymbiocène est l’ère qui poursuivra le symbiocène à l’échelle cosmique. Cette ère sera le symbole de l’humain évolué en homo-syntone, parsemant dans l’immensité de l’univers des jardins-oasis symbiocratiques régis par un système cosmosymbiocratique.
Le Symbiocène est un néologisme inventé par Glenn Albrecht
dans son ouvrage Les Émotions de la Terre afin de décrire la
nouvelle ère post-Anthropocène. Ce temps se caractérise comme
étant l’ère de l’intelligence et de la pratique humaine reflétant
une symbiose mutuelle avec le vivant.
Le Symbiocène aurait pour objectif de générer de l’habitabilité
et de favoriser la vie dans les systèmes bio écologiques de la
Terre. Pour atteindre cette nouvelle ère, l’Humain pourra passer
par un changement et une réinitialisation de ses systèmes de
représentation, de valeur, de comportement, de production et
d’objectifs.
Mais les boucles de rétroaction positive favorables à la vie évoluée sur Terre se sont retournées sous la pression exercée par des humains devenus semblables à une force géologique. Désormais, l’urgence est de solutionner et de régénérer l’habitabilité de la Terre maintenue par son écosystème afin de préserver le Vivant évolué terrestre comprenant l’espèce humaine.
Le Plan B : coloniser Mars ?
Habiter sur Mars ne changera en rien le problème fondamental de la survie humaine, ni encore moins de l’Anthropocène. Habiter d’autres planètes, c’est respecter avant tout leurs limites sans jamais imposer notre système artificiel. Le plan B ne sera envisageable que lorsque le plan A sera réalisé. Le plan A = Réaliser un Dessein Intelligent, c’est panser et repenser la place de l’humain et de sa relation avec la « nature ».
En hommage à Bruno Latour…
Voici sa réponse concernant le Plan B :
« Quoi, la planète Mars vous passionne plus que la
Zone Critique que vous connaissez pourtant à peine mieux, mais dont vous
dépendez totalement ? »[…]
L’évidence s’était imposée d’elle-même : Mars intéresse les humains plus
que la Terre.[…]
Jugez-en en écoutant les propos que Foucart tirait de la conclusion du livre d’un certain Bronner La planète des hommes :
« En quittant la Terre, il deviendrait évident que nous sommes humains avant d’être terriens. C’est là un rappel essentiel car l’idéologie précautionniste, en nous proposant un rapport empreint de sentimentalité à la planète qui a vu notre naissance, a tendance à rendre indissociable notre destin du sien. »Cette confusion « crée un amalgame entre notre identité de terrien et d’humain.»
« Elle nous contraint à penser que le problème fondamental est de ne surtout pas risquer de détruire l’espace qui nous permet de vivre. Être hypnotisé par cette possibilité, c’est, sous prétexte de précautions inconséquentes, renoncer à coup sûr à préserver l’héritage humain. En évitant l’indésirable, on s’abandonne au pire.»
(Foucart 14 février 2021) (je souligne)
Sidérante conclusion.L’appel de Mars et des voyages interplanétaires serait ainsi tellement fort qu’il définirait l’humain — contre cette nostalgie de demeurer un simple « terrien » pour toujours prisonnier de son lieu de naissance. Le terrien affaibli, et pour tout dire, efféminé par « l’idéologie précautionniste » resterait pour toujours en quelque sorte dans les jupes des femmes et des mères — le sous-entendu sexiste étant clair dans cette critique de la « sentimentalité » de ceux qui croient devoir lier définitivement le destin de la planète et celui de l’humanité.
On reconnaît là, bien sûr, l’ancienne conception moderne de l’homme qui doit
s’arracher à la nature pour réaliser son véritable destin, mais ce qui pouvait donner jadis l’impression d’un projet d’émancipation, devient plus que bizarre quand on rattache la destinée même de l’humain aux fusées d’Elon Musk et au sort des stations de survie implantés sur la Lune.Du temps d’un Emmanuel Kant, comme on ne se doutait pas que les conditions d’existence sur la Terre puissent être menacée, on pouvait donc, sans contradiction, vouloir s’arracher à la nature pour devenir pleinement humain — cela ne portait pas à conséquence, il y aurait toujours une terre.
Mais du temps de ce sombre Bronner, voilà que le même projet moderne devient une stupéfiante contradiction, l’amalgame entre humain et terrien : « nous contraint à penser que le problème fondamental est de ne surtout pas risquer de détruire l’espace qui nous permet de vivre. Être hypnotisé par cette possibilité, c’est, sous prétexte de précautions inconséquentes, renoncer à coup sûr à préserver l’héritage humain. »
J’avoue pour ma part que je suis « hypnotisé » par la possibilité de « détruire l’espace qui nous permet de vivre » et que, tout émasculé que je sois par « l’idéologie précautionniste », il me semble que pour « préserver l’héritage humain » il faut accepter de prendre des « précautions » que j’hésiterais à nommer « inconséquentes » puisque ce sont elles, et elles seules, qui maintiendraient la possibilité de donner continument naissance aux terrestres.
LATOUR B., (2021). Comment penser la suite de l’aventure moderne ? Conférence Chaire Perelman, Bruxelles, 22 mars 2021